Une étude, dont les résultats intitulés «Biologically representative and well-connected marine reserves enhance biodiversity persistence in conservation planning» ont été publiés dans la revue Conservation Letters, a permis de montrer que la prise en compte de la connectivité des populations de poissons, en plus de la richesse en espèces, augmente la persistance des populations dans le réseau des aires marines protégées (AMP) de la mer Méditerranée.

Rappelons tout d'abord qu'actuellement «seulement 6 % de la surface des océans est protégée» et qu'il est «primordial de créer de nouvelles AMP pour assurer la persistance des espèces et atteindre d’ici 2020 l’objectif de 10 % de surface marine protégée fixé par la convention sur la diversité biologique dans les objectifs de Aichi» (*).

Cependant, alors que «les méthodes de planification spatiale qui désignent l’emplacement de nouvelles AMP cherchent à maximiser le nombre d’espèces présentes dans un espace donné», la persistance à long terme des populations de ces espèces ne devrait plus être négligée, car elle dépend des mouvements des individus entre les AMP, compte tenu que «les individus dispersés en dehors des AMP ne sont plus protégés».

Dans ce contexte, l'étude ici présentée, «réalisée à partir des données de 288 espèces de poissons côtiers distribuées dans la mer Méditerranée», compare les effets de la représentation en espèces et de la connectivité des AMP «sur la persistance des espèces protégées dans la désignation de nouvelles AMP».

Plus précisément, des modèles de planification spatiale ont été appliquées à ces données pour proposer les emplacements optimaux des AMP dans deux cas : «un premier réseau maximisant la représentativité des espèces et couvrant 30 % des aires côtières, et un deuxième réseau maximisant à la fois la représentativité des espèces et des mesures de connectivité et couvrant 30 % des aires côtières». Ces deux réseaux théoriques ont été ensuite comparés au réseau d’AMP déjà existant.

Il est alors apparu «en utilisant un modèle démographique qui estime la taille des populations dans le réseau des AMP comme proxy de la persistance des populations», que la taille des populations, dans le deuxième réseau (représentation + connectivité), augmentait en moyenne de 82 % par rapport au réseau des AMP déjà existant, contre seulement 49 % dans le premier réseau (représentation seulement)». C'est la première fois qu'un tel bénéfice est mis en évidence.

Une augmentation de la taille des populations a été également démontrée «dans le deuxième réseau des AMP qui maximise la connectivité en plus de la représentation des espèces avec des petites et des grandes aires de distribution»: les espèces avec des petites aires de distribution «étaient négligées dans le premier réseau qui maximise la représentation en espèces seulement», pourtant «les espèces avec une petite aire de distribution sont souvent des espèces endémiques avec une valeur de conservation élevée».

Comme «les données nécessaires pour caractériser précisément la dispersion et la démographie des espèces marines sont très limitées», cette étude a utilisé «des données assez générales qui pourraient masquer des différences importantes entre espèces». A l'avenir, les études sur le sujet «bénéficieront de données plus précises sur la dispersion et la démographie des espèces».

Par la suite, il sera également important «d’étendre la généralité des résultats à d’autres réseaux d’AMP dans le monde, et de considérer des modèles démographiques plus élaborés intégrant l’effet de la pression de pêche en dehors des AMP».

Lien externe complémentaire (source Wikipedia)

(*) Objectif d'Aichi